Tout comme le Combat Ordinaire, le retour à la terre est un choc la première fois qu’on s’y frotte. L’histoire est pourtant tout ce qu’il y a de plus anecdotique : un jeune couple de citadins déménage pour s’installer à la campagne et va connaître une intégration pour le moins difficile.
Le dessin est très simple et épuré, mais Larcenet parvient à croquer chaque personnage en quelques coups de crayon bien sentis. Rien de bien transcendant au premier coup d’œil, il peut même paraître fade. Pourtant on est vite happé par le dynamisme de chaque scène et l’expressivité des personnages. Le découpage des planches en séries de cases indépendantes les unes des autres est intéressant car il permet à la fois une lecture sélective et force les auteurs à multiplier les scènes efficaces et les gags courts.
L’humour est présent sur chaque page, dans chaque bulle. Evidemment comme on peut s’y attendre, les stéréotypes des campagnards rudes répondent à ceux des Parisiens stressés et maigrichons. Mais il n’y pas que ça, comme dans le Combat Ordinaire, la tranche des 20-30 ans est extrêmement bien cernée : désabusée, privée de repères et perdue dans un monde toujours plus violent, froid et sale, Larcenet parle de manière subtile et compatissante à cette génération-là. La vraie vie est un tome rempli d’épisodes légers mais souvent révélateurs. Réservé à ceux qui veulent voir la jeunesse comme elle est.